Nos données médicales sont protégées, à juste titre. Mais où est la limite ? Les assureurs sont-ils autorisés à consulter votre dossier médical en cas de suspicion de fraude ? Bien sûr que non, direz-vous, mais la Chambre basse pense différemment. Le plan a été adopté et place ce pouvoir entre les mains des assureurs. Les partis politiques nous versent du sirop sur la bouche, mais en secret, ils ont tout aussi rapidement tordu le cou au secret médical. Pas dans l’intérêt de l’électeur, mais dans celui des assureurs.

Qu’est-ce qui est le plus important ? Notre vie privée ou les portefeuilles des assureurs ?

La proposition vise à donner aux assureurs davantage d’outils pour détecter les fraudes à l’assurance. En cas de suspicion de fraude, les assureurs peuvent demander votre dossier médical. Un soupçon est un concept élastique, de sorte que les assureurs peuvent évoquer tous les dossiers médicaux sur leur bureau. Il est juste de lutter contre la fraude, mais est-ce le bon moyen ? Je ne le pense pas. La fraude a coûté 11 millions d’euros aux assureurs maladie l’année dernière. Il faut faire quelque chose à ce sujet, mais la proposition adoptée manque la cible.

La fraude de l’assuré n’est pas le problème

L’année dernière, la fraude à l’assurance maladie s’est élevée à 11 millions d’euros. Cela représente 0,015% du budget des soins de santé. Ce n’est donc pas un grand problème. Mais il y a plus à venir ! Environ 9,4 millions d’euros du montant de la fraude ont été causés par les prestataires de soins et les intermédiaires. Les assurés frauderaient donc pour 1,4 million. N’est-il pas plus logique de lutter contre la fraude au niveau des prestataires de soins et des intermédiaires ? Nous préservons notre vie privée et les assureurs peuvent marquer des points plus rapidement en traquant les gros fraudeurs.

Malheureusement ! La politique a un avis différent

Comment est-il possible de faire passer un sujet aussi lourd comme ça ? Les politiciens qui soutiennent ce plan doivent se rendre compte qu’il s’agit d’une violation de notre vie privée ? S’ils veulent quand même retrouver la trace de l’assuré frauduleux, il existe des moyens moins radicaux. Par exemple, demandez à un deuxième médecin de jeter un autre regard sur le patient. Ou demandez à un deuxième médecin d’évaluer la demande. Les politiciens feraient mieux de se concentrer sur les gros « poissons » frauduleux. Les prestataires de soins de santé qui surfacturent délibérément les coûts, c’est là que vous pouvez récupérer les euros frauduleux. Les assureurs en savent déjà assez sur nous. Ils traitent les déclarations de soins de santé. Je ne pense pas qu’il soit nécessaire qu’ils puissent également demander le reste des informations médicales. La lutte contre la fraude est comme la lutte contre la drogue. Il ne faut pas prendre les coursiers dans la rue, mais le combat doit être porté à un niveau supérieur. Pourquoi attraper des petits poissons quand on peut en attraper des gros ? Ils ne voient pas l’intérêt d’utiliser un canon pour tirer sur un moustique. Il y a encore de l’espoir … car le Sénat doit aussi être d’accord. S’ils ne le font pas, elle ne deviendra pas une loi.